Je divague pas mal, là. Tout est flou autour de moi. Je m'accroche aux seules choses qui restent. Je me lime les ongles en montagnes et fait des pyramides de cartes. On n'y songe pas souvent, mais c'est vraiment très complexe. J'en suis moi-même un peu étonnée, mais bon. Je suis aussi étonnée par moi-même. Plus rien ne me convient, excepté les choses inconvenable ou intouchable. C'est perturbant, surtout là, en ce moment, alors que je dévisage une pyramide de cartes en songeant si je souffles et détruis tout avec ce léger vent ou si je le regarde grandir tout seul, comme une fin des dessin-animés de Walt Disney. J'hésite. Sommes nous dans la vie réelle ou pas ? Parce que ça changerait pas mal de choses.
Aujourd'hui, j'ai jardiné, j'ai pris le soleil et je l'ai embrassé. Il ne me l'a pas rendu. Il m'a brûlé en échange de mon baiser, il m'a enflammé la peau, il m'a fondu le sang. J'avais envie de lui cracher dessus, mais en y réfléchissant bien, si j'avais craché, mon mollard me serait retombé en plein visage. Heureusement, je m'en suis abstenue. Donc, j'ai jardiné. C'était beau de pouvoir casser toute cette terre sèche, lui redonner une nouvelle vie en lui versant de l'eau en guise d'or. Je pense que je pourrais observer la salade que j'ai planté aujourd'hui jusqu'à ce qu'elle grandisse et soit prête à être mangée. Mais cela serait beaucoup trop long, beaucoup trop de temps perdu.
Ce soir, ma mère veut que je l'accompagne voir le fabuleux "MILLENIUM" au cinéma. Il se trouve qu'elle a lu les deux livres et qu'elle les adore. Il lui faut une personne pour l'accompagner. Oui, il lui faut quelqu'un pour les scènes de viols ou de tortures. Il lui faut une personne avec qui parler pendant l'attente, quelqu'un à qui elle pourra raconter tout le film en avance histoire de montrer qu'elle a bien lu et comprit le livre. Cette personne, c'est moi.
Sur ce, je vous laisse, je dois me changer.
Bisous-bisous, C.